Iles-Sous-Le-Vent: Maupiti 23 octobre
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Maupiti… Petit paradis égaré à 50km de Bora Bora, 315 km de Tahiti. La dernière île habitée de Polynésie, tout à l’ouest du territoire. Maupiti est un enchantement. Son lagon offre au regard des teintes turquoise incomparables. Quant à sa population, elle nous réserve le plus chaleureux des accueils !
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Cercamon au mouillage…
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Mais le paradis se mérite. Au petit matin, Cercamon franchit l’impressionnante passe Onoiau. De part et d’autre de l’étroit passage se brisent avec fracas les vagues du large. Le courant contraire pourtant faible à cette heure freine notre avancée le long du couloir turquoise et longiligne, enserré de deux motus (îlots coralliens) recouverts de palmiers.
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Nous prenons une bouée au nord du Motu Pitiahe, à l’ouest de la passe. Nous sommes ici protégé du Maraamu (alizé de SE) qui souffle à 30 nœuds plusieurs jours d’affilée. Bourrasques de vent, pluies, eau grise. A la plage, les grains de sable s’envolent, les palmiers fouettent l’air de leurs longues palmes.
Quelques chiens nous accompagnent, ils gardent des maisonnettes ou des cabanes désertées, utilisées pour la pêche ou la récolte du coprah (séchage de la pulpe de coco pour la transformer ensuite en monoï à l’huilerie de Tahiti).
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Sous l’eau incolore, le spectacle reste fascinant : des raies Manta évoluent comme d’étranges vaisseaux spatiaux avec grâce et lenteur.
Le lagon est si peu profond que seul un deuxième mouillage reste possible : au sud-est de l’île principale, devant le village. Un rocher massif de basalte, semblable à une météorite tombée du ciel, surplombe la commune ; on le dirait prêt à s’écrouler dessus. Mais c’est un cyclone qui dévasta un jour la localité, en 1997, brisant les maisons traditionnelles colorées.
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Si sa reconstruction n’égale pas ce qu’il fut, nous découvrons malgré tout le plus délicieux village des Iles-Sous-Le-Vent. Les maisons sont soignées jusque dans le détail, des rideaux fleuris font écho aux jardins qui regorgent de fleurs aux teintes éclatantes, les faapu (plantations) croulent sous les fruits, les ruelles sont proprettes. Nous ressentons une véritable envie de rendre les choses belles et nettes. Ainsi qu’un puissant désir que l’étranger de passage se sente bien. Sourires abondants, accueil polynésien chaleureux.
Au-delà, leur vie leur appartient, et les habitants, conscients d’habiter un paradis, semblent garder jalousement leur paix, leur tranquillité si précieuse. Ce peuple de fort caractère ne s’est ouvert au tourisme que récemment, refusant l’installation d’hôtels et d’animations touristiques, à l’opposé de sa voisine Bora Bora ; on ne trouve ici que quelques pensions de famille.
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Cette île à taille humaine (11km2) gère elle-même son budget depuis 1972. Nous découvrons une île prospère, à la fois simple et moderne ; elle gère intelligemment son eau douce peu abondante et ses déchets ; elle possède un quai flambant neuf, une école bien entretenue, un nouveau dispensaire en construction, un rivage en pierres qui longe le village et sert en outre d’agréable promenade.
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Tri des déchets et fontaine à eau moderne
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Les épiceries ouvrent quelques jours par semaine. Les femmes font leurs courses parmi deux ou trois étalages exposant l’essentiel ; c’est l’occasion de se saluer et d’échanger les dernières histoires, tout ça dans une décapante bonne humeur.
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L’eau de pluie est recueillie par chaque maison dans de grandes citernes. Encore une opportunité de se rencontrer pour cette population de 1’200 âmes, et de renforcer la cohésion sociale : autour des fontaines d’eau. Chacun pousse sa brouette chargée de bouteilles et bidons pour faire le plein d’eau potable.
Un petit événement dans une grande ville devient ici l’Evénement du mois : l’arrivée du cargo Tahiti Nui VIII (ce jour, la houle permet son entrée dans la passe). Il amène matériel et nourriture de Tahiti, et repart avec le chargement d’un coprah de 1ère qualité. Tout le village passe sur le quai au courant de la journée, même ceux qui n’ont rien à y faire. On commente, on observe, on se réjouit des nouvelles denrées, et des salaires versés à la livraison du coprah.
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Tahiti Nui VIII
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Sacs de coprah, 25 kg chacun
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Chaque soir, la place du marché désertée par les maraîchers mue en spectacle artistique. Des himene (cantiques polynésiens) vibrants, aigus, retentissent, d’autres chants suivent accompagnés de percussions, les femmes jusqu’aux plus âgées revêtent leur paréo, et dansent, dansent, répètent, s’interrompent, une blague s’intercale, une autre lui répond, fous-rires. Ici la population utilise son dialecte polynésien, nous captons simplement la jovialité d’être ensemble.
Plus loin des anciens jouent à la pétanque. Et ici, dans l’air du soir apaisé de la brûlure du soleil, on se retrouve autour d’une cabane qui prépare des ma’a (repas) à base de poisson et viande. Les habitants nous interrogent, les enfants s’arrêtent un moment, et voilà que l’on nous offre deux vélos pour parcourir l’île le lendemain.
Nous pédalons sur la route côtière de 11km, traversant les beaux champs de fleurs de tiare et ceux de noni (fruit aux vertus thérapeutiques – mais à l’odeur nauséabonde !), réservés à l’exportation sur Tahiti.
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Nous longeons des maisonnettes égarées ici et là et quelques marae (lieux de culte ancestraux). Nous découvrons une tortue gravée dans la pierre ainsi que d’autres dessins primitifs : ce sont les pétroglyphes de Haranae enfouis dans la forêt tropicale.
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Entre la plage de Tereia et le motu Auira, le lagon s’étale, vaste, pur et translucide. Un univers en bleu et blanc. Ivoires, les plages immaculées, turquoise la lagune, bleu profond l’océan, lapis-lazulis le ciel, turquoises les nuages qui reflètent la couleur du lagon.
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Le lagon est peu profond ; avec de l’eau jusqu’au torse, on le traverse en 20 minutes pour accéder à l’un des cinq motus. La réverbération sur fond de sable blanc est telle qu’elle brûle les yeux et la peau. Sur le motu, les habitants sont rares, ici c’est le pays de milliers de cocotiers (le coprah est une des principales activités des îliens). Les palmiers bordent une plage de rêve, sauvage.
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Au sommet de l’île, perché à 380m, le Mont Teurafaatiu nous offre un panorama incomparable. Sur les flancs de la montagne cascade une végétation aussi luxuriante qu’inextricable. Et au-delà… Un méandre de bleu et blanc tapisse le lagon, puis le regard se perd sur la semi auréole de motus qui encerclent l’île, dernier bastion avant la frange écumeuse frappant la barrière de récif ; et enfin le large, le bleu infini.
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Maupiti, une île à part. Consciente de son unicité. Qui fait tout par la préserver.
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L’abri en cas de cyclone avec un voilier est nul. Le paradis peut se transformer en enfer, car la difficulté de sa passe ne permet pas de quitter cette île par n’importe quelle condition. Une fenêtre météo s’ouvre. C’est l’heure pour Cercamon de quitter Maupiti.
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Sauvés par une barque de pêcheurs…
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Mais notre voilier fait la sourde oreille. Sa quille s’enlise sur le banc de sable qui borde le mouillage. Bloqués. C’est l’aube. Nous hélons une barque de pêche. Sous la barbe blanche, le sourire du père est jovial. Son fils adolescent saisit notre amarre. Leur moteur de 30 CV peine, tire, résiste, reprend. Une secousse et nous sentons Cercamon à nouveau libre. Après un cadeau, mille remerciements, des sourires, nous partons. Pour de bon.
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Les vagues brisent à bâbord et tribord: le franchissement de la passe de Maupiti reste impressionnant!
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Cap à l’est et au près direction Bora Bora. Après 28 milles s’ouvre la passe de la « Perle du Pacifique ». Un geyser à bâbord. Un autre plus petit à côté. Une baleine à bosse et son baleineau ! Nous approchons à distance décente. Les mammifères apparaissent, disparaissent, soufflent leur gerbe d’eau. Tous les trois massés sur le pont, nous sommes subjugués, profondément émus. Bienvenue à Bora Bora !
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Mouillage de rêve entre le Motu Tuanai et le village de Vaiea
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Toutes les photos de Maupiti sont visibles sur Flickr : ICI
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